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23 mai 2009

Je n’ai pas une tête de judoka 2

Filed under: Et il est où exactement ce Japon ? — Frédéric @ 18 h 46 min

Depuis mon arrivée dans le Kansai, j’ai retrouvé mon sensei, dont je vous ai déjà parlé. Il est influent dans la région et m’a donc fait un beau cadeau : il m’a obtenu l’accès au dojo de l’université de Tenri.
L’équipe de judo de Tenri est probablement l’équipe la plus forte au monde. C’est ici que s’entraîne Anai, qui a battu Muneta au championnat du Japon de cette année. J’étais fier d’avoir travaillé avec le père de Muneta, parce que c’est le père d’un grand champion, mais si tout le monde faisait du judo comme Muneta, je serais parti prendre des photos de curling au Canada pour avoir de l’action. Anai, c’est un peu mon idole, en matière de judo. Il a un physique pas du tout japonais de grande pieuvre et il a un judo magnifique, avec des attaques incroyablement rapides et techniquement très belles. Et pendant que j’étais là, son coach personnel était Shinohara, un grand champion japonais, qui a passé sa carrière dans l’ombre de David Douillet, qui l’a vaincu en finale d’un championnat du monde et des JO de 2000, les deux fois sur des décisions arbitrales contestées (autant dire que le nom de Douillet est particulièrement tabou dans les environs). Voilà pour UN des judokas de Tenri. En gros, sur les dizaines de judokas là-bas (probablement plus d’une centaine), il n’y en a pas un, même sous calmants que je puisse rêver de faire chuter une seule fois de mon vivant.
Mon sensei m’a donc amené dans ce dojo et m’a présenté à un premier sensei, qui a dit qu’il n’y avait pas de problème pour que je m’entraîne pendant le mois de mai. Il m’a ensuite présenté à un second sensei, qui a la particularité de très très bien parler français. Ce second sensei, qui pèse à vue de nez moins de 66kg m’a regardé de la tête aux pieds et m’a dit en riant, en français dans le texte « Vous voulez vous entraîner ici ? C’est très dur, vous savez. Je vous regarde et je sais que vous n’êtes pas très fort. Votre manière de porter votre ceinture me suffirait à le savoir. ». « So long » pour mon amour propre de judoka. Heureusement, je l’avais laissé dehors en rentrant dans l’université. Je n’ai définitivement pas une tête de judoka ! L’anecdote me fait en réalité beaucoup rire et elle m’impressionne aussi, parce que cette capacité à voir le niveau d’un judoka (et pas comme certains non connaisseurs qui disent « tu n’es pas musclé, tu ne dois pas être un grand judoka », car le truc n’est pas là) me parait assez mystique !

J’ai commencé par faire un combat contre quelqu’un qui m’avait invité et qui m’a dominé de plusieurs années-lumière pendant tout le combat, puis j’ai préféré faire des photos, pour ne pas leur faire perdre de temps. Le sensei qui m’avait dit que j’avais l’air faible et qui s’occupe principalement de l’équipe féminine m’a alors dit de travailler avec les femmes, ce que j’ai fait pendant plusieurs combats. De manière assez honorable ai-je trouvé. Le lendemain, je suis revenu et il m’a dit « les filles sont très contentes de travailler avec toi, tu peux revenir quand tu veux ». Je prends ça comme un gros compliment, dans l’absolu et d’autant plus dans sa bouche.

Anai travaillant à Tenri (copyright tout ça)

Anai travaillant à Tenri (copyright tout ça)

Après l’entraînement à Tenri, mon sensei m’a directement amené à son dojo, pour le cours du soir. J’étais tout ému de retrouver ce bon vieux dojo où j’ai beaucoup appris. Nous n’étions que trois adultes, en plus du sensei, mais ça m’a fait plaisir de retrouver ces deux élèves que j’avais côtoyé à l’époque. Et puis c’est aussi ici que mon nom est écrit sur une plaque dans la liste des élèves et que le sensei dit aux enfants « va travailler avec Tingaud Sempai » (sempai désigne un ancien par rapport au novice). A la fin du cours, la fille du sensei nous a apporté des gâteaux japonais et du thé, que nous avons mangés en tailleur au milieu du dojo.

dojo de sensei Hishida

dojo de sensei Hishida

2 Comments »

  1. Claaaaaasse!!

    Et sinon les deux photos sont super belles, mais j’aime particulièrement la première, elle dégage quelque chose, et les mecs sont très beaux dessus (NON pas à cause du yaoi)(tssssk)

    Commentaire by Chibilou — 23 mai 2009 @ 21 h 56 min

  2. Faire semblant d’être « faible » pour pouvoir s’entrainer avec les filles (ah les petites nippones friponnes !) c’est vraiment ça l’esprit français.

    Commentaire by pa — 24 mai 2009 @ 9 h 41 min

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